La région d'Istanbul, peuplée de plus de 12 millions d'habitants, est fortement exposée au risque sismique, du fait de la proximité de la faille Nord-Anatolienne en Mer de Marmara. Les études précédemment effectuées, notamment dans le cadre du programme de collaboration franco-turque avec les campagnes MARMARA (bathymétrie et SAR-Pasisar), SEISMARMARA (sismique multitrace) et MARMARASCARPS (ROV Victor)) ont montré la continuité du système de failles, au travers de la Mer de Marmara [Armijo et al., 2005 ; Rangin et al., 2004 ; Armijo et al., 2002 ; Le Pichon et al., 2001]. Ce système relie la zone de glissement de Kocaeli (1999) sur la faille Nord Anatolienne à la faille de Ganos, qui glissa lors du séisme de 1912.  La zone en face d'Istanbul correspond ainsi à un secteur de la faille Nord Anatolienne qui n'a pas été affecté par un séisme important au cours du vingtième siècle.

De nombreuses émissions de fluides ont été découvertes et décrites ces dernières années. Des cheminées expulsant de l'eau ont été observées au niveau de ruptures du fond de la mer causées par le mouvement des failles [Armijo et al, 2005]. Par ailleurs, les données du Sonar Acoustique Remorqué (SAR) acquises lors de la campagne Marmara-1 du Suroit en 2000 (un an après le séisme d'Izmit) avaient permis de détecter des anomalies acoustiques dans la colonne d'eau, indiquant des sorties de gaz réparties le long des failles actives. Bien que les relations entre émissions de gaz et activité sismique ne soient pas encore bien comprises, ces résultats sont extrêmement encourageants. Ils représentent un premier pas permettant d'avancer l'hypothèse suivant laquelle les propriétés des fluides circulant dans les zones de faille sous-marines changent avec le temps, au cours du cycle sismique. Si tel est le cas, existe-t-il des signaux précurseurs détectables au cours de ce cycle ? Et si oui, dans quelles conditions, et suivant quels processus ?

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d'implanter des observatoires sous-marins multi-paramètres sur le fond de la Mer de Marmara. La campagne Marmesonet s'inscrit dans le cadre de la mission de démonstration intitulée « MARMARA-DM », du Programme ESONET. Financé par l'Union Européenne dans le cadre du FP7, ESONET a pour objectif de démontrer la faisabilité d'installer des stations permanentes d'observation sous-marine en différents sites clés situés sur les marges européennes. La campagne Marmesonet résulte d'une collaboration européenne dans le cadre d'ESONET, regroupe les partenaires suivants : l'Université Technique d'Istanbul, TUBITAK, l'Institut des Sciences et Techniques Marines (IMTS) d'Izmir, l'INGV (Rome) et l'ISMAR (Bologne). Au niveau international, le projet bénéficie également de la contribution de la Scripps Institution of Oceanography (San Diego).