L'article Dyment et al. (InterRidgeNews, 2009) résume et illustre les principaux résultats de la campagne. Deux résultats majeurs de la campagne sont mis en exergue ci-dessous.

Figure 1 : Fumeur noir de la partie centrale, la plus active, du site hydrothermal Rainbow.

Figure 2 : Exemple des faunes rencontrées sur le site hydrothermal Rainbow.

L'analyse des données magnétiques de fond collectées sur le ROV Victor par le magnétomètre IPGP a confirmé l'existence d'une très forte anomalie magnétique positive associée au site. Plus spécifiquement, les parties occidentales et centrale du site, la première ancienne et inactive, la seconde mature et fortement active, présentent ces fortes anomalies, alors que la partie orientale du site, où l'activité semble récente, montre une anomalie plus faible. L'analyse magnétique d'échantillons représentatifs démontre que ce sont les péridotites serpentinisées imprégnées de sulfure du stockwork qui sont à l'origine des anomalies observées et que le porteur de l'aimantation est la magnétite (Szitkar, 2013; Szitkar et al., 2014). Ces observations constituent un résultat majeur, qui contraste avec la signature magnétique communément observée sur les sites hydrothermaux à substrat basaltique.

La cause de ces fortes aimantations reste à déterminer, avec trois hypothèses en concurrence :
1) la serpentinisation à haute température au site hydrothermal pourrait favoriser la formation de plus petits grains de magnétite, mono-domaines du point de vue de leur minéralogie magnétique et donc susceptibles de porter une plus forte aimantation ;
2) la présence de fluides hydrothermaux chargés en métaux et donc fortement réducteurs protégerait la magnétite formée par serpentinisation d'une oxydation trop rapide ;
3) et enfin la possibilité de magnétite primaire d'origine hydrothermale (Szitkar, 2013; Szitkar et al., en préparation).

Les observations magnétiques effectuées au site Rainbow, confirmées au site Achadze (autre site sur substrat ultramafique de la dorsale médio-Atlantique), offrent enfin un moyen efficace de détecter et de caractériser les sites hydrothermaux actifs et fossiles dans cet environnement, où se trouvent les minéralisations les plus intéressantes d'un point de vue économique.

Figure 3 : Bathymétrie de haute résolution (haut) et aimantation équivalente déduite des anomalies magnétiques (bas), d'après Szitkar (thèse, 2013) et Szitkar et al., (en préparation). L'aimantation équivalente est calculée à partir d'anomalies réduites au pôle par la méthode d'inversion bayésienne utilisant le critère d'Akaike, développée par Honsho et al. (JGR, 2012), en supposant une épaisseur aimantée de 100 m ; rapportée à la latitude du site, elle correspond à une intensité maximale de l'ordre de 30 A/m.

Nos recherches s'intéressent également à la diversité des types d'habitats favorables à la chimiosynthèse dans l'océan. La découverte fortuite en 2000 d'une forme nouvelle d'hydrothermalisme sur un flanc de la dorsale médio atlantique à conduit la communauté scientifique à s'interroger sur la capacité des espèces hydrothermales à coloniser ce type d'habitat dont les fluides très alcalins (jusqu'à pH 10), mais riches en hydrogène et en méthane contrastent avec ceux connus à ce jour. Les travaux du LECOB sur des fossiles de bivalves échantillonnés lors d'une précédente campagne ont confirmé pour la première fois cette possibilité (Lartaud et al. 2011). Cette découverte élargit considérablement la distribution géographique possible des sources hydrothermales profondes.

L'existence de ces habitats dispersés, favorables à l'installation et la croissance d'espèces-clés, est un élément essentiel pour le maintien d'un écosystème fragmenté aujourd'hui soumis à une pression plus forte des activités humaines. Les métaux dont le cuivre, le zinc et en moindre proportion de nombreux métaux `stratégiques', extrait des roches par les fluides hydrothermaux et accumulés sur le fond, sont convoités pour l'exploitation minières. Cette situation nouvelle renforce la nécessité de recherches fondamentales sur ces écosystèmes de grande profondeur dont la vulnérabilité et la capacité de résilience restent mal connues.

La découverte fortuite en 2000 d'une forme nouvelle d'hydrothermalisme sur un flanc de la dorsale médio-Atlantique avait conduit la communauté scientifique à s'interroger sur la capacité des espèces d'invertébrés hydrothermaux à coloniser ce type d'habitat dont les fluides très alcalins (jusqu'à pH 10), mais riches en hydrogène et en méthane contrastent avec ceux connus à ce jour. À ce jour, seuls des communautés microbiennes sont décrites sur le site Lost City. Les travaux de MOMARDREAM ont révélé la présence de ces habitats à proximité du site actuel Rainbow grâce des fossiles de bivalves échantillonnés dans les dragues. Ils ont confirmé pour la première fois la possibilité pour la faune symbiotique de coloniser ce type d'habitat (Lartaud et al. 2011). Cette découverte élargit considérablement la distribution géographique possible des écosystèmes de sources hydrothermales profondes.

Figure 4 : Localisation des sites à bivalves découverts sur la colline Rainbow. Le site actif Rainbow est situé sur le flanc occidental de la colline. Le site fossile Ghost City (Lartaud et al., PNAS, 2011) est situé au nord-ouest de la colline, à 1200 m du site actif Rainbow, et le site fossile Clamstone (Lartaud et al., G3, 2010) est situé au sommet de la colline Rainbow, à 2500 m à l'est du site actif Rainbow. Les panneaux de droite présentent les trois sites et les bivalves qui y ont été trouvés. D'après Lartaud et al. (InterRidge News, 2011).

La mise en exergue de deux thèmes majeurs des travaux réalisés ne doit pas occulter d'autres travaux, notamment dans les domaines de biologie et microbiologie d'une part, la géochimie des fluides d'autre part. Les travaux effectués sur ces thèmes se sont inscrits dans des projets plus larges, impliquant des campagnes réalisées avant ou après le projet MoMARDREAM tant sur le site Rainbow (notamment, pour la géochimie des fluides, la constitution de séries temporelles de mesures) que d'autres sites de la dorsale médio Atlantique, et sont donc moins représentatifs du projet.