La campagne, acquise a l'été 2006, a été pour l'essentiel exploitée. Durant cette campagne, deux lignes de 56 OBS ont été disposées successivement suivant deux profils passant au travers de la marge : (1) le premier au large de l'île indonésienne de Simeulue, quasi à l'aplomb de l'hypocentre du grand séisme de décembre 2004 (Mw = 9.0-9.3) avec un espacement entre stations de ~4.6 km sur 252 km ; (2) le second, juste au nord de Sumatra, proche de la limite des eaux indonésiennes, recoupe tout le système du bassin océanique à l'arrière arc et en particulier la zone de l'avant-arc où le glissement cosismique a été le plus fort (> 20 m), avec un espacement entre stations de ~8 km, soit un profil de 445 km (Figure 1). Ces 2 lignes ont été tirées avec la source sismique de Genavir, en mode réfraction (~8000 ci). Par ailleurs, les OBS de la 2ème ligne ont enregistré également les tirs de Geco Searcher (navire de Western Geco) qui acquérait au même moment des données de sismique réflexion lourde sur des lignes coïncidentes (chef de mission : S. Singh). Tous les  instruments ont été récupérés. Durant cette campagne, la couverture bathymétrique multifaisceaux le long des profils sismique a été réalisée et celle des structures de l'avant-arc qui avait commencée d'être acquise en 2005 lors de la campagne « Sumatra Aftershocks » a également été complétée.

Figure 1 : Bathymétrie de la zone d'étude. Les profils sismiques grand-angle de la campagne SAGER-OBS sont marqués par des traits rouges et les positions de OBS d'écoute passive de la campagne AFTERSHOCKS par des cercles rouges. Les profils de sismique réflexion sont marqués par des traits noires.

Les travaux sur la couverture multifaisceaux des 2 campagnes ont montré la signature dans la bathymétrie de la fosse à l'avant arc de structures topographiques de la plaque plongeante, induisant donc un couplage au travers du prisme épais entre les 2 plaques en convergence. Ce travail a fait l'objet d'une publication (Graindorge et al., 2008).

Concernant les données sismiques des OBS, les données du profil Sud ont été traitées à Brest et Villefranche/Mer avec pointé des temps de première arrivées et réfléchies, réalisation d'une tomographie en vitesse d'ondes P utilisé dans un second temps pour obtenir un modèle structural en intégrant les arrivées réfléchies ainsi que des résultats de sismique réflexion coïncidents (Figure 2). Ce travail a mis en évidence des particularités structurales fortes sur cette marge avec un très large complexe sédimentaire couvrant toute la zone de la fosse au bassin avant-arc. La croute avant-arc s'avère elle-même atypique avec une épaisseur à peine supérieure à 20 km. Une conséquence très importante de cette architecture est que le grand séisme de 2004 tel que son hypocentre est déterminé par les différentes agences produisant des solutions se trouve sans ambiguité au contact de la croute plongeante et du manteau avant-arc, sous la croute d'avant-arc donc. Or les modèles de sismogénèse sur les zones de subduction prédisent que cette zone de manteau avant-arc est asismique du fait de la libération de fluides de la plaque plongeante qui est considérée conduire à la formation de sillicates mantelliques hydratés plastiques et accomodant donc les déformations de manière stable. L'exemple de Sumatra est un flagrant contre-exemple à ce modèle. Ce résultat important à fait l'objet de deux publications (Dessa et al., 2009, Klingelhoefer et al., 2010).

Sur le profil Sud, ce travail sur les données sismiques a été complété d'une étude sur la structure thermique de la marge en relation avec l'étendue de la zone de rupture de 2004 (Klingelhoefer et al., 2010). Ces résultats montrent que les limites classiquement invoquées de 100-150°C à 350-450°C comme définissant l'étendue de la zone sismogène le long du chevauchement de subduction se trouvent également vérifiées ici. Ainsi donc, une limite structurale du bas de la zone couplée (Moho avant-arc) ne se trouve pas vérifiée mais le critère thermique reste lui valide pour décrire cette limite.

Les travaux menés à partir des données sismiques sur le profil N sont analogues à ce qui a été réalisé au S. Ils ont été réalisés à l'IPGP dans le cadre de la tèse d'Ajay Chauhan (dir. : S. singh). Ces travaux ont confirmé et étendu au Nord de la zone l'épaisseur faible de la croute avant-arc. Ils ont également mis en évidence des structures compressives actives sur la bordure Ouest du bassin avant-arc. L'existence d'une faille inverse majeure délimitant ce bassin du haut avant-arc et, plus en profondeur, séparant la croute cristalline du vieux prisme a été établie. Un jeu cosismique sur cette faille expliquant un mouvement marqué dans l'avant-arc et conduisant à une arrivée précoce du tsunami aux cotes telle qu'elle a été observée en 2004 a été proposé. Ces résultats font l'objet d'un article (Chauhan et al., 2009).

Enfin, les travaux de N. Hananto sont toujours en cours, également à l'IPGP, et exploitent les données de la campagne SUMATRA OBS en conjonction avec les données de sismique réflexion lourde coïncidentes acquises par Schlumberger.

Figure 2 : Modèle de vitesses sismiques finale du Profile AB. Les iso-contours de 0.25 km/s sont marques par des traits fine et les Les limites des couches et les contours de vitesse à 0.25 km/s d'intervalle sont présentés sur les vitesses. Les positions des OBS sont marquées par des cercles rouges.