La rade de Brest représente un système estuarien complexe soumis à de fortes contraintes tidales. Ce vaste plan d'eau d'une surface de 181 km² draine un bassin versant de 2800 km². Il est ouvert sur l'océan ouvert par un étroit goulet d'un mille de large, par lequel transitent à chaque cycle de marée pas moins de 700 millions de m³ d'eau de mer soit près d'un tiers du volume total de la rade.

La mission VIRAB est portée par les questions adossées à l'axe 1 du LGS concernant l'enregistrement sédimentaire et le bilan Source to Sink à l'échelle des marges. Dans l'étude du continuum Continent-Océan, les plateformes et les zones côtières constituent des sites privilégiés de stockage et de redistribution du matériel sédimentaire vers les domaines plus profonds. La Rade de Brest a fait l'objet entre 2013 et 2016 de nombreux travaux permettant de comprendre l'évolution de son milieu physique depuis la dernière remontée du niveau marin. La géométrie des dépôts sédimentaires et leur chronologie (Gregoire et al, 2017) a été précisée (mission SERABEQ) ainsi que la dynamique sédimentaire des dépôts actuels (Gregoire et al., 2016) et des taux de sédimentation (Ehrhold et al., 2016). Mais l'étude de la caractérisation des petits fonds sous influence estuarienne, souffre d'un manque de données alors qu'ils occupent 40% de la surface de tout le système hydro-sédimentaire. S'ils ont été qualifiés par le passé de zones sédimentaires envasées mixtes (fig. 1, Gregoire et al., 2016), leur nature souvent hétérogène et les proportions des différentes classes (vase et éléments grossiers détritiques et/ou biogènes) est difficile à appréhender, faute d'observations en continue sur ces milieux.

Des travaux plus récents (projet PEPITE) montrent que ces petits fonds ont historiquement essuyé des conditions hydrodynamiques transformant complètement les séquences sédimentaires vaseuses installées en drapages de sédiments grossiers (Ehrhold et al., 2021).

Les objectifs de la mission :

1. Il s'agit de finaliser la mise au point d'un nouveau système de caméra vidéo tractée au-dessus du fond (MICASED). Une journée d'essai avait été consacrée à partir de l'Albert Lucas le 5 novembre 2020 (fig. 2). La 1ere journée d'acquisition de VIRAB a fait l'objet des derniers réglages de mise au point et des premières acquisitions sur les profils souhaités. MICASED ((MIni CAmera System for SEDimentology, fig. 2) est un petit bâti vidéo léger (< 15 kg) qui dispose de 2 caméras HD (frontale avec un retour image à bord et verticale), d'une combinaison de lasers permettant de dimensionner les objets sur le fond et d'un compas pour orienter les figures sédimentaires et biologiques.
   
2. La nature des fonds sur les terrasses qui occupent 40% de la superficie de la Rade (inférieures à 10 m) est mal connue. Les travaux menés il y a quelques années (Gregoire et al., 2016) pour aboutir à une représentation la plus réaliste de la diversité des petits fonds, en terme d'hétérogénéité bio-sédimentaire et sur les processus de dynamique sédimentaire en lien avec la colonisation par les biocénoses de maerl et de crépidule, nécessitent d'être consolidés par l'acquisition d'un set de données plus dense et actualisé. Ils permettront de revisiter la synthèse réalisée en 2016 afin d'établir un socle de connaissances plus robuste de la diversité sédimentaire de la Rade et de mieux caractériser certains habitats. L'observation par vidéo de haute qualité permet entre autre de distinguer la présence de cailloutis ou petits blocs difficilement ou non prélevés par les bennes et qui sont des éléments recherchés dans le cadre du projet MaSCoET par exemple.