La coquille Saint-Jacques est l'une des espèces primordiales des pêches maritimes françaises. Le stock évalué lors de la campagne COSB est un des deux prépondérants à l'échelle nationale, par ailleurs, il s'agit de la population coquillière qui présente les densités les plus fortes au niveau européen. Pour l'économie maritime du Département des Côtes d'Armor son exploitation est structurante : pendant la saison de pêche précédente (2019/20), pourtant fortement impactée par la crise sanitaire COVID-19, le stock a été exploité par plus de 225 navires dragueurs, soit environ par 750 marins-pêcheurs pour une production de 5340 tonnes. La première partie de la saison de pêche en cours (jusqu'au 31/12/2020), toujours sous contrainte sanitaire, a connu un chiffre record des débarquements officiels (3575 t enregistrées). L'état actuel de la ressource est le plus florissant jamais enregistré : on se situe à +35% de biomasse exploitable comparativement à la précédente année culminante (2006), avec, par ailleurs, +63% de biomasse adulte toujours par rapport à 2006. La conjonction des conditions hydroclimatiques propices et d'une politique de préservation de reliquat de pêche sous le contexte de la crise sanitaire COVID-19 qui a fortement allégé la pression de pêche peut expliquer l'état prolifique actuel.

Les résultats de la campagne alimentent les travaux de l'Ifremer selon 4 axes principaux :

1.      Observation des ressources naturelles. La campagne s'inscrit dans le projet SIH ("Système d'Informations Halieutiques") de l'Ifremer. Elle fait partie de la fonction d'observation de la dynamique des principales ressources en Manche occidentale confiée au Laboratoire de Biologie Halieutique (LBH) de l'Unité des Sciences et Technologies Halieutiques (STH) implantée à Brest et à Lorient (Département RBE "Ressources et Biologiques et Environnement" de l'Ifremer). Les résultats de cette mission annuelle d'évaluation directe sont à la base de l'organisation des campagnes de pêche sur 2 à 3 ans (quota global annuel : exemple d'avant-garde en France pour une ressource sous juridiction exclusivement nationale, calendrier de la saison, évaluation du nombre de licences). Il y a peu d'exemples où les résultats de campagnes à la mer ont des retombées aussi directes en matière de gestion (politique de reliquat de pêche directement inspirée des estimations quantitatives de l'Ifremer) à court et à moyen terme. La fiabilité des résultats n'est plus à démontrer et leur précision donne entière satisfaction aux gestionnaires de cette pêcherie.
2.      Analyses bio-économiques et scénarios de gestion. Les résultats de la campagne et les simulations biologiques alimentent des recherches en modélisation bio-économique (collaborations avec l'Unité d'Economie Maritime (U.E.M.) de l'Ifremer et l'Université de Bretagne Occidentale cf. projet IAM de partenariat bio-économique).
3.      Relations coquille Saint-Jacques-crépidule. Les résultats de la campagne permettent de mieux cerner et d'analyser la variabilité spatio-temporelle du stock coquillier sous l'impact de la pêche et de la compétition spatiale (espèce invasive Crepidula fornicata).

Relations recrutement/environnement. La campagne met à disposition des séries temporelles adéquates pour étudier la variabilité interannuelle du recrutement en fonction des paramètres environnementaux, essentiellement la température. Les acquis antérieurs (modélisation empirique sur les données recueillies au cours des années 70 et 80 alimentée par l'extension de la série jusqu'à nos jours) sont confrontés à une modélisation de type DEB (collaboration Ifremer/IUEM ; article Le Goff et al., 2016 ; cf. valorisation des acquis prévue dans un futur projet interReg coquille Saint-Jacques Manche qui succédera au projet ANR COMANCHE qui a vu son terme en 2014).