Ce projet scientifique a été écrit pour répondre à l'Appel à manifestations d'intérêt : « Développements en matière de surveillance et d'évaluation de l'état des milieux aquatiques continentaux, littoraux et marins », lancé par l'Agence Française pour la Biodiversité fin 2019. Il s'inscrit dans le cadre de l'acquisition de connaissance nécessaire au développement et à la consolidation d'indicateurs permettant de qualifier l'intégrité des fonds face aux pressions anthropiques sur le plateau continental du Golfe du Lion dans le cadre de la Directive cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM).
Parmi les indicateurs appliqués actuellement pour quantifier la surface d'un habitat impactée par une pression anthropique et plus précisément l'intensité de l'impact, aucun n'a été spécifiquement développé et/ou testé sur une perturbation physique telle que celle résultant des pêcheries démersales. Or, la pêche aux arts traînants (chaluts et dragues) est la source de perturbation majeure des fonds sur le plateau continental. Jusqu'à présent, il n'était pas possible de connaître la répartition spatiale de l'effort de pêche et donc de relier l'état écologique observé à l'intensité de la pression afin de valider (ou non) les indicateurs utilisés. La carte d'abrasion du Golfe du Lion, qui a été produite par Vaz et Jac (2019), a permis de positionner les stations à échantillonner sur un gradient d'abrasion. Dix stations ont été échantillonnées sur l'isobathe -100 et -110m aux alentours du canyon Lacaze-Duthier et 5 stations sur l'isobathe -80m au milieu de plateau continental au coeur du Parc National Marin du Golfe du Lion. Ces stations sont localisées sur un gradient d'abrasion compris entre 1.1 et 11.1 (Percentile 90 des SAR annuelles entre 2008 et 2020) pour les plus profondes et entre 4.1 et 11.0 pour les stations localisées sur l'isobathe -80m.

Le projet IMPEC a pour but de tester la réponse de différents compartiments de la faune benthique (méiofaune, foraminifères, macrofaune et méga-épifaune) à différentes intensités de chalutage et donc de perturbation du milieu. Ainsi les engins océanographiques mis en oeuvre lors cette campagne étaient le carottier multitube Octopus (pour la méiofaune et la biogéochimie), la benne Day (pour la macrofaune benthique), le Pagure 2 (pour la mégafaune benthique), le SPI (Sediment Profile Image) et le carottier Küllenberg (pour les foraminifères morts). Cette approche proposant l'étude en parallèle de différents groupes faunistiques est rare et fournira des informations sur la sensibilité ou les temps de réponse des espèces à la pression de chalutage. La caractérisation du sédiment et de sa composition géochimique (en particulier l'oxygénation et la caractérisation de la matière organique) permettront une meilleure évaluation du gradient de pression et interprétation des tendances faunistiques observées. Il s'agira aussi d'évaluer si l'étude des foraminifères morts permet de déterminer des conditions de référence, inexistantes de nos jours. En effet, l'étude de l'évolution historique des faunes de foraminifères (fossiles) permettrait d'obtenir une image des conditions avant que la pêche démersale ne s'intensifie et ainsi de définir des conditions de référence pouvant être utilisées pour déterminer l'état écologique de la zone (comparaison entre faune vivante actuelle et faune morte passée). Cette approche « multi-disciplinaire » implique un groupement d'experts de spécialités différentes qui utilisent des techniques de prélèvements différentes.

En résumé, les données issues de cette mission permettront (1) d'évaluer l'impact environnemental de la pêche aux arts trainants sur un gradient d'abrasion, (2) de tester différents indicateurs de l'état écologique du milieu et  les comparer entre eux afin d'émettre des recommandations à l'Office Français de la Biodiversité (ou l'OFB) et aux Agences de l'eau pour évaluer l'état écologique des fonds meubles du plateau continental du Golfe du Lion dans le cadre de la surveillance des habitats benthiques et (3) de tester l'utilisation des foraminifères morts pour évaluer l'évolution temporelle des communautés avec l'intensification du chalutage.