La Manche, carrefour entre l'Océan Atlantique et la Mer du Nord, caractérisée par son régime mégatidal, est une zone riche en espèces de poissons boréales (morue, merlan, etc.), tempérées (bar, grondin rouge, etc.) et lusitaniennes (merlu, baudroie, etc.), de poissons plats (sole, plie, etc.) et pélagiques (maquereau, sardine, etc.), de sélaciens (raies, roussettes, petits requins, etc.), de crustacés et de céphalopodes d'intérêt commercial (seiche, calmars). C'est une région maritime ouverte, lieu d'échanges continuels (biologiques, hydrologiques, etc.), où sont identifiés de nombreux habitats clés : nourriceries, frayères et voies de migration. La Manche est également une entité spatiale caractérisée par la prépondérance de ses activités socio-économiques en relation avec le milieu maritime : elle représente près de 20 % du trafic mondial, mais aussi 40% des captures halieutiques de la France en Atlantique Nord-Est, réalisées par plus de 1300 navires de pêche, très majoritairement de petites tailles, immatriculés le long de la façade Manche.

La campagne CGFS réalisée tous les ans depuis 1988 est le seul moyen de collecte de données scientifiques au chalut de fond GOV (Grande Ouverture Verticale) en Manche. Les données qui en sont issues sont utilisées chaque année par les groupes de travail internationaux d'évaluation de stocks du CIEM. L'objectif principal de la campagne CGFS 2020 est donc de collecter les données nécessaires à l'évaluation des stocks halieutiques des zones 7d (Manche Est) et 7e (Manche Ouest), et plus précisément d'obtenir des indices d'abondance aux âges pour les espèces évaluées analytiquement en 7d (rouget barbet, plie) ou des indices d'abondance globaux (bar, chinchard, seiche, encornets). A ce titre, cette campagne est largement financée par l'Europe au travers le Fond Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP mesure 77).

Par ailleurs, la CGFS est identifiée dans le programme de surveillance de la DCSMM (Directive-Cadre Stratégie pour le Milieu Marin) : son objectif secondaire est ainsi de récolter en Manche des données sur l'environnement biotique et abiotique des espèces exploitées, pour mieux comprendre leur dynamique au sein de l'écosystème. La série de campagnes CGFS permettra le suivi de l'état écologique des eaux françaises de la Manche, en fournissant des données permettant le calcul d'indicateurs pour les descripteurs D1-biodiversité, D2-espèces invasives, D3-espèces commerciales, D4-réseaux trophiques, D5-eutrophisation, D8-contaminants, D9-questions sanitaires, D10-déchets et D11-bruit.

La campagne est organisée en deux périodes de 16 jours de travaux à la mer, respectivement en Manche Ouest puis en Manche Est. Près de 120 traits de chalut, effectués de jour, sont programmés. Les paramètres abiotiques sont mesurés soit par station à l'aide d'une rosette, soit en continu. L'échantillonnage des oeufs de poissons est réalisé en continu.

Les données validées sont transmises en fin de campagne aux bases de données nationales (SIH, Harmonie, Sismer) et européenne (DATRAS).