Le plateau rocheux de la Méloine fait partie de ces nombreuses plate-formes à écueils qui jalonnent l'avant côte de la Bretagne (Battistini et Martin, 1956). Il se situe entre 4 et 11km au large des falaises de Primel. Il est composé de 4 ilôts rocheux dont certains émergent à marée basse. On distingue ainsi du sud vers le nord : les roches des Trépieds, de la Méloine, de Pont Garo-Karreg en Hir et un dernier massif sans nom bordant la limite nord du batholite. L'ensemble est étiré N50, c'est-à-dire parallèle à la direction de fractures plus anciennes cadomiennes. Ces écueils sont séparés par des couloirs ou légères dépressions orientées E-W, de plusieurs centaines de mètre de large. Les roches de la Méloine appartiennent à la grande famille des granites « rouges » hercyniens tardifs (300 Ma, Rollet in Augris et Simplet, 2011 ; Ballèvre et al., 2013) dont le plus connu est celui de Ploumanac'h. Elles constituent un maillon dans la ceinture moniliforme des granites varisques d'Armorique septentrionale, parallèle aux failles directionnelles de la Manche (Chauris, 2002 ; Barrière et al., 1986). La place de ce granite est discutée dans l'hypothèse d'une subduction sous le domaine domnonéen (partie septentrionale du Massif Armoricain, Lefort, 1975). Il est affecté par de puissantes bandes mylonitiques, redressées et orientées W.NW - E.SE (Barrière et al., 1986). La cartographie de cet archipel montre qu'il est découpé au nord, vers 50 m de profondeur, par une faille N140 rattachée à la famille des failles décrochantes hercyniennes. Cette faille aurait pu guider également la chenalisation principale des anciennes rivières vers le large dans le prolongement direct du second réseau de drainage de la baie de Lannion pendant les périodes glaciaires (Simplet et al., in Augris & Simplet, 2011). Cet archipel a dû rester jusqu'à 10 000 ans BP environ une péninsule prolongeant la côte de Primel-Plougasnou vers le NE, enclavant de facto la baie de Morlaix. Cette date marque le moment à partir duquel le seuil bathymétrique de 43 m a été ennoyé lors de la remontée rapide (10 mm/an) du niveau marin à l'Holocène. Rapidement, l'archipel s'est détaché de la côte et avant 9000 ans BP, ses 3 passes situées topographiquement en-dessous de 30 m de profondeur, ont vu se mettre en place une puissante circulation tidale E-W, connectant la baie de Morlaix à celle de Lannion, à l'origine de la construction initiale des corps sableux accrochés aux écueils. La surface occupée par la roche affleurante est de 32% (9,8 km2), celle de la roche subaffleurante composée de lambeaux de socle émergeant du fond marin et parfois recouverte de blocs, de 22% (6,75 km2). Les passes nord sont relativement comblées par du sédiment. La passe sud, entre les Trépieds et la Méloine, présente une géométrie très aplanie, arasée et entretenue par les puissants courants de marée, comme on peut l'observer dans d'autres archipel (Bajjouk et al., 2013). Presque 50 % de la superficie de la zone sont recouverts de sédiments. Dans le détail (Ehrhold et al., 2015c), les analyses granulométriques montrent qu'ils se décomposent en 5 principaux faciès : 

1 - Un pavage de cailloutis (CL1a) et de cailloutis graveleux (CL1b) dans les passes et au pied des écueils (16,3%).
2 - Des graviers (GL1b) et graviers caillouteux peu coquilliers (GL1a), constituant de minces couloirs allongés dans le sens des courants (6,1%).

3 -  Localement des zones de graviers très coquilliers (GB2b), notamment à la base du banc des Trépieds (0,6%).

4 - Des graviers sableux (GB1c à GB2c) moyennement à très coquilliers sur le pourtour de l'archipel (4,75%).
5 - Des sables grossiers homogènes à graveleux coquilliers (SB1c à SB2b) couverts de mégarides (12.7%), et constituant la partie superficielle des corps sédimentaires piégés dans l'archipel.
6 - Des sables moyens très coquilliers (SB2d) composants la nature des corps sédimentaires périphériques (4,92%) décrits dans l'étude de Morlaix (Ehrhold et al., 2011b) et de Lannion (Augris et Simplet, 2011).

La distribution des formations sédimentaires superficielles souligne la complexité des processus de sédimentation dans ces milieux où l'héritage structural joue un rôle majeur dans la nature des dépôts sédimentaires. La morphologie sous-marine renforce la circulation tidale à l'origine du remaniement et du dépôt ou non des sédiments. Tout en précisant les travaux de Boillot (1964) et Beslier (1981), nos résultats montrent que le plateau rocheux de la Méloine est le siège d'une intense circulation de matériel sédimentaire comme en témoignent les nombreuses figures de courant détectées par imagerie et bathymétrie. Ce plateau est perméable aux échanges sédimentaires, notamment du matériel graveleux-coquillier, entre les deux grandes baies de cette région. Sa bordure occidentale est sous l'influence dominante du flot, et inversement pour la bordure orientale.

Carte des transports sédimentaires résiduels