D'un point de vue géomorphologique, Kavieng est un complexe récifal diversifié, avec un récif-barrière en partie ennoyé, des récifs frangeants lagonaires et océaniques, des récifs lagonaires avec ou sans ilots, des chenaux et passes de largeur très variable, et un lagon de profondeur moyenne autour certainement des 15 mètres de fond. Le tout est soumis à un gradient multi-facteur structuré par les apports d'eaux douces, l'exposition au vent d'est et aux tempêtes d'ouest, et aux courants de marée. La richesse absolue en habitat est importante, avec une centaine d'habitats différents. Ceci est comparable à Madang, sauf que le type d'habitats et leurs étendues étaient très différents à Madang. La comparaison fine de ces 2 complexes récifaux de la Mer de Bismarck est en cours.
De manière générale la richesse spécifique est moins élevée que celle observée à Madang. En revanche, tout comme à Madang, on note une très faible abondance d'individus pour la majorité des espèces. Les résultats montrent un relativement faible recouvrement de la richesse spécifique entre Madang et Kavieng. La raison principale étant la nature très différente des habitats entre les deux régions.
La flore marine est dominée par les Chlorophya (algues vertes) qui représentent 61% des spécimens, alors que les Rhodophyta (algues rouges) totalisent 30% et que les Phaeophycea (algues brunes) ne représentent que 9%. Parmi les Chlorophyta, l'ordre des Bryopsidales est particulièrement bien représenté avec les genres Halimeda et Caulerpa qui ont respectivement 23 et 15 espèces, la famille des Udoteacées comptabilise sept genres dont deux nouveaux (Glaukea gen. nov et Ventalia gen. nov) en cours de description et une dizaine d'espèces dont plusieurs nouvelles pour la science. ( Lagourgue et al, 2020; Lagourgue et Payri, en révision).
La famille des Rhipiliacées est composée deux genres dont 1 genre nouveau et quatre espèces dont deux nouvelles( Lagourgue et al, 2020; Lagourgue et Payri, en révision) et enfin la famille Dichotomosiphonaceae avec un genre (Avrainvillea) et 4 espèces en cours de description. Pour les algues rouges les Rhodymeniales (Asteronemia, Rhodymenia), les Nemaliales avec le genre Gibsmithia renfermant plusieurs espèces nouvelles en cours de description, les Gigartinales les Galaxauraceae (Galaxaura, Dichotomaria) et les Delesseriaceae sont bien représentées et renferment certainement plusieurs espèces nouvelles.
Enfin, les Phaeophyceae, sont dominées par l'ordre des Dictyotales avec le genre Lobophora qui renferme huit espèces dont quatre nouvelles décrites et deux non encore décrites (Vieira et al, 2019). Les résultats actuels sur la flore marine récoltées dans cette région soutiennent l'idée que le triangle corallien ou plus largement l'Indo-Pacifique central est le berceau de la diversité de nombreux genres dont les Lobophora. Un échantillonnage plus approfondi est encore nécessaire dans cette région pour explorer pleinement l'étendue de cette diversité, qui devrait être plus importante. Plus généralement, ces études mettent en évidence le peu que nous savons de la diversité de la flore marine dans cette région du triangle corallien dont fait partie la PNG.
La collection de coraux est constituée de 437 spécimens plusieurs d'entre eux constituent du matériel type de nouvelles espèces déposés au MNHN. La collection renferme environ 166 espèces dont cinq nouvelles espèces: une nouvelle espèce de Leptastrea, Leptastrea gibbosa n. sp. que l'on trouve également en Australie et en Nouvelle-Calédonie; deux nouvelles espèces de Leptoseris, l'une également présente en Nouvelle-Calédonie, en Australie, à Madang et à Mayotte et l'autre limitée au Triangle de corail et deux nouvelles espèces de Cyphastrea, toutes deux également présentes au Japon, et en Nouvelle-Calédonie.
Enfin, le genre Porites a fait l'objet d'une monographie incluant les spécimens de la mer de Bismark. Quatre nouvelles espèces de crabes galliques associés aux coraux (famille des Cryptochiridae) sont également en cours de description. Pour ce qui est des autres invertébrés, 16 espèces d'Holothuries ont été recensées.
Pour les bénitiers, les analyses génétiques réalisées sur les échantillons de Kavieng ont révélé la présence d'une espèce de bénitier nouvellement décrite à Taiwan en 2014, Tridacna noae, dont l'aire de répartition a pu ainsi être mieux définie (Borsa et al. 2015). La comparaison des T. noae collectés à Kavieng et Madang ont montré une forte structuration génétiquechez cette espèce, en lien avec la biogéographie de la zone (Fauvelot et al. 2019). Plusieurs autres espèces de bénitiers ont également été étudiées : les séquences génétiques des échantillons de Tridacna crocea, T. gigas et Hippopus hippopus collectés à Kavieng ont servi à la réalisation de la première phylogénie multigénique calibrée des dix espèces connues du genre Tridacna permettant d'élucider leur histoire évolutive (Fauvelot et al. 2020). L'analyse phylogéographique de l'espèce T. maxima est en cours de valorisation dans un article scientifique.