BIFURCATION
Type | Campagne océanographique |
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Navire | Alis |
Propriétaire navire | IRD |
Dates | 01/09/2012 - 15/09/2012 |
Chef(s) de mission | MAES Christophe |
LABORATOIRE D'OCÉANOGRAPHIE PHYSIQUE ET SPATIALE - UMR 6523 Centre Ifremer Bretagne ZI Pointe du Diable CS 10070 29280 Plouzané +33 (0)2 98 22 42 76 |
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DOI | 10.17600/12100100 |
Objectif |
Le flux de masse rentrant en mer de Corail se fait principalement au travers de la section entre les extrémités nord de la barrière récifale de la Nouvelle Calédonie (le récif D'Entrecasteaux vers ~19°S, 164°E) et les îles au sud de l'archipel des îles Salomon (~11°S, 161°E). De façon traditionnelle, ce flux est associé au courant équatorial sud ou SEC (pour South Equatorial Current) qui constitue la branche portant vers l'ouest du gyre anticyclonique subtropical du Pacifique sud-ouest. A cause de la présence d'archipels d'îles et de récifs, ce flux de masse est divisé en différents noyaux et forme des jets zonaux intenses. A l'entrée de la mer de Corail, le Jet Nord Calédonien (JNC) et le Jet Nord Vanuatu (JNV) représentent les deux principaux jets dont l'existence a été confirmée par des observations in situ (tels que des traceurs comme l'oxygène dissous), les climatologies en hydrologie qui permettent de remonter à la géostrophie et des modèles numériques de circulation générale (Sokolov et Rintoul 2000 ; Webb 2000 ; Ridgway et Dunn 2003 ; Kessler et Cravatte 2013). En moyenne le flux total de masse rentrant en mer de Corail a été estimé suivant les études entre 20 et 55 Sv, une dispersion importante qui traduit la faible densité d'observation de cette région et une forte incertitude sur la variabilité temporelle (en particulier saisonnière et interannuelle) de ce transport. La partition du flux de masse entre ces deux jets représente une autre quantité difficile à appréhender avec les moyens classiques d'observation in situ à grande échelle et pourrait bien être, par ailleurs, dépendante de la nature profonde de ces jets dont le maximum de vitesse se situe en sub-surface et dont l'extension verticale est importante (~1000 m). Gourdeau et al. (2008), à l'aide des données recueillies par un spray glider, ont ainsi montré que le JNV se caractérise par une extension spatiale assez large (300-400 km) et que ce jet peut être associé à la pente de la thermocline principale. En revanche, le JNC se caractérise par un flux plus étroit (~100 km) qui est localisé juste au nord de la barrière récifale de la Nouvelle Calédonie avec une extension verticale plus importante. Le transport de masse de ces deux jets a été estimé à 20 et 12 Sv, respectivement pour le JNV et le JNC. Plus récemment, les observations recueillies lors de la campagne SECARGO en 2010 (Maes et al. 2014) montrent que le jet qui alimente le JNC avant son entrée en mer de Corail transporte jusqu'à 20 Sv le long de la côte orientale de la Nouvelle Calédonie avec une extension verticale très profonde, bien au delà de la thermocline principale (Gasparin et al. 2011 ; Gasparin 2012).
La particularité du Pacifique sud-ouest par rapport au nord du bassin est de posséder une barrière naturelle, constituée par l'archipel des îles Salomon, qui vient perturber ainsi la redistribution des flux de masse effectuée en partie par les courants de bord ouest entre la bande équatoriale et les pôles. Ces différents archipels conduisent aussi à la formation de jets mais la résultante de ces flux doit transiter par la mer de Corail et la mer des Salomon avant de rejoindre la circulation équatoriale. D'un point de vue dynamique le cheminement des eaux dans la thermocline principale reste encore assez méconnu dans le Pacifique sud-ouest et l'existence de plusieurs types de masse d'eau caractéristiques de la thermocline vient compliquer les analyses hydrologiques établies à partir des campagnes océanographiques. Pour distinguer l'origine des eaux dans la thermocline et les types de masse d'eau au niveau intermédiaire, il est nécessaire de compléter les données hydrologiques standard avec un paramètre supplémentaire tel que la concentration en oxygène dissous. Ainsi, Tomczak et Hao (1989) ont montré que la zone de transition entre ces deux masses d'eau se situe dans la région à l'ouest des îles Salomon et de l'archipel du Vanuatu et ces deux études font mention d'une variabilité interannuelle importante de cette zone de transition. En se basant sur un schéma de propagation des flotteurs autonomes (réseau Argo) il est possible d'étudier les caractéristiques hydrologiques des eaux de la colonne d'eau depuis la surface jusqu'aux eaux intermédiaires (e.g., Maes et al. 2007). La multitude des cheminements possibles au travers des jets océaniques et l'existence probable de re-circulation (telle que celle entre l'archipel du Vanuatu et la Nouvelle Calédonie) rendent nécessaire de prendre en compte un autre paramètre dans les analyses des caractéristiques hydrologiques des différentes masses d'eau de l'Océan Pacifique sud-ouest. En plus de la température et de la salinité la concentration en oxygène dissous est le paramètre le plus couramment utilisé dans la littérature pour identifier et caractériser les masses d'eau de cette région. |