Les perturbations anthropiques croissantes entraînent des déséquilibres dans la structure et le fonctionnement des  communautés se traduisant par la disparition ou au contraire la prolifération de certains organismes, notamment des filtreurs benthiques. La matière organique particulaire constitue le relais entre les producteurs primaires et ces premiers  consommateurs, base des réseaux trophiques, influençant donc par sa quantité et sa qualité la structure et le fonctionnement de l'écosystème.

Parmi les organismes filtreurs, certaines abondantes populations d'ophiures, particulièrement d'Ophiothrix fragilis, participent au contrôle de la matière organique dissoute et de la biomasse phytoplanctonique dans les eaux côtières brassées. Elles agissent à la fois en tant que filtres mais aussi, par leur métabolisme, comme pourvoyeurs de nutriments (1). À la pointe de Bretagne, d'importantes populations d'O. fragilis ont ainsi été signalées dans des eaux bien brassées par les courants (rade de Brest) (2) ou la houle (baie de Douarnenez) (3). Dans ces zones O. fragilis est souvent associée à une autre ophiure dont le comportement trophique est plus ambigu, Ophiocomina nigra. De récentes campagnes d'estimation des stocks d'échinodermes menées fin 2008 en baie de Douarnenez (Laboratoire des Sciences de l'Environnement Marin de l'IUEM, associé au Parc Naturel Marin d'Iroise) et en baie de Camaret (Laboratoire d'Ecologie Benthique du département DYNECO de l'Ifremer) ont mis en évidence une augmentation considérable de l'abondance de ces deux espèces comparée à celle évaluée au cours des années 80. Ces deux anthroposystèmes (rade de Brest et baie de Douarnenez) sont également le siège d'une production primaire marquée saisonnièrement par des phénomènes de marées vertes, particulièrement visibles localement en baie de Douarnenez.