La figure 1 représente le tracé général des routes suivies lors de la campagne ITSAS II, comprenant les transits, les profils sismiques, les stations de prélèvement ainsi que d'hydrologie.

1. Sismique

Les lignes sismiques tirées au cours de la campagne ITSAS II sur la plate-forme aquitaine, la zone du canyon de Capbreton ainsi que sur la pente du "plateau landais" apportent un complément d'informations et de précisions sur l'exploitation des données de la campagne précédente (ITSAS I en 1998).

• Sur la plate-forme aquitaine :

Les profils sismiques sparker et multitrace confirment deux points de l'interprétation des données d'ITSAS I. (1) Dans la partie nord de la plate-forme le substratum mio-pliocène présente un certain nombre de déformations liées à des accidents structuraux (failles normales ?). Ces failles semblent contrôler l'emplacement et la direction des entailles qui affectent ce substratum. (2) Dans la couverture meuble, on distingue nettement les deux séquences du modèle de Thorne et Swift, à savoir une séquence de remplissage des incisions fluviatiles de phase régressive surmontée par la séquence transgressive en "back-stepping". Dans cette dernière apparaissent nettement les faciès et structures internes caractéristiques des milieux littoraux.

• Dans la zone de Capbreton

Le profil sismique itmt2014, effectué avec un canon mini-GI, donne une meilleure pénétration et surtout des réflexions bien plus nettes qu'en 1998. Ceci permet de confirmer et d'étayer les interprétations qui avaient été faites des données d'ITSAS I. Sur ce profil, on distingue plusieurs grandes unités sédimentaires limitées par des surfaces de discontinuité particulièrement nettes. Ces unités correspondent à des dépôts généralement progradant vers le Nord ou le Nord-Ouest. Elles se caractérisent par des géométries et des faciès sismiques bien typés. Sur la bordure du canyon, on observe une série de failles normales.
Plus à l'Ouest, le profil de sismique rapide (6traces) itsr2031, effectué sur la pente sud du canyon, au large de Saint Sébastien, montre des réflexions de moyenne amplitude et de bonne continuité qui caractérisent une sédimentation fine et régulière. La sédimentation est cependant perturbée par des cheminées de "pockmarks" repéré également en imagerie.
Sur le versant nord du canyon, le profil de sismique rapide itsr2029, montre une structure qui apparaissait déjà clairement dans la bathymétrie. Il s'agit d'une dépression NE-SW qui constitue une vallée adjacente au canyon. Cette vallée ne semble pas correspondre, au moins dans la zone considérée, à une entaille à caractère érosif, mais plutôt à une morphologie d'instabilité liée à des glissements en masse. Sur le versant ouest en pente douce de la levée, on observe des rides sédimentaires, déjà décrites lors de la campagne ITSAS I.
Les nouvelles données de bathymétrie et de sismique acquises lors de la campagne permettent de suivre l'extension vers le Sud du champ de ces rides sédimentaires. La bonne qualité des profils de sismique rapide tirés dans cette région a permi de mieux définir géologiquement le substratum sur lequel ces rides se sont mises en place. Ainsi, plusieurs unités sédimentaires, limitées par des surfaces de discontinuité nettes, ont pu être mises en évidence. Ces structures constituent une épaisse série (environ 1000 m) déposée en bas de pente en plusieurs phases liées à différents événements glacio-eustatiques du Quaternaire.

2. Sondeur

La très bonne qualité des données de sondeur de sédiment 3.5 kHz de coque utilisé en mode "chirp" dans la journée et du 2.5 kHz effectué de nuit permet d'observer les structures sédimentaires dans les premiers mètres, ce que ne permet pas la sismique très haute résolution sparker ou multitrace. On a pu ainsi mieux appréhender le rapport entre les placages sableux superficiels et les bandes de graviers. On peut observer le prolongement du substrat graveleux sous les placages sableux. En outre, on distingue parfaitement, dans la couverture meuble sous-jacente, une série de réflexions correspondantes à des surfaces de discontinuité. Ceci permet de compléter et d'étayer certaines interprétations avancées à partir des profils de sismique THR de la campagne précédente.

3. Le multifaisceaux EM300

Les données de multifaisceaux traitées ont permis de compléter la bathymétrie de la zone du canyon de Capbreton et de dresser une carte détaillée de cette zone. La zone couverte par ITSAS II montre un certain nombre de points en commun avec la mosaïque effectuée en amont en 1998. Notamment, le tracé général du canyon peut être décomposé, ici aussi, en segments de direction NE-SW ou NW-SE, directions dont nous avons vu qu'elles étaient sous contrôle structural.

Dans le détail, le thalweg principal présente un tracé méandriforme comme celui décrit dans la partie amont lors d'ITSAS I en 1998. En bordure du thalweg on peut observer un certain nombre de terrasses étagées, probablement d'origine polyphasée comme cela avait été dit pour la partie amont. Certaines terrasses de forme hémisphérique pourraient résulter soit de différentes phases d'érosion des méandres, soit de loupes d'arrachement.

La grande différence par rapport à la zone amont d'ITSAS I, réside dans la disparité morphologique très marquée entre les deux versants du canyon.

• Sur le versant méridional (marge euskadienne), les pentes sont moins fortes. Il semblerait que cette marge corresponde à des apports sédimentaires fins (cf. interprétation sismique) progradant vers l'axe du canyon. On note sur ce versant la présence de vallées adjacentes à tracé rectiligne ou, le plus souvent, incurvé. Dans la zone d'interfluve, la présence de pockmarks signalée lors de l'interprétation sismique est confirmée.
• Sur le versant septentrional (marge sud-aquitaine), la pente est, par endroit, beaucoup plus accentuée que la précédente. On note la présence sur cette marge d'une large vallée à fond relativement plat et sur lequel serpente un thalweg bien marqué dans la topographie.

Par ailleurs nous avons effectué une nouvelle mosaïque EM 300 en face de la plage de La Salie affin de la comparer avec celle que nous avions faite en 1998 pour les comparer et noter leur évolution sur trois ans.

4. Prélèvements par carottages

• Carottages à roche

La plupart des tentatives de prélèvement de roche à l'aide du carottier CNEXO-VILLE ont été infructueuses. Un seul échantillon a été ramené de la bordure du plateau. Il est constitué par un calcaire bioclastique fortement cimenté et contenant une importante quantité de Bryozoaires. Il indique que les affleurements rocheux, sur cette partie du plateau, correspondent à un environnement franchement marin qu'il sera peut être possible de dater. Cependant il sera nécessaire de tenter dans le futur d'autres carottages en améliorant la technique.

• Vibrocarottages

4 carottes orientées ont été effectuées sur les corps sédimentaires du plateau médian et externe afin de caler l'interprétation de sismique et d'imagerie.

• Carottages kullenberg

3 carottes kullenberg ont été effectuées sur des terrasses repérées dans le canyon de Capbreton en 1998 (ITSAS I) et en mai 2001 (ITSAS V) afin d'établir les faciès sédimentaires et les processus de dépôt sur ces terrasses.

5. Hydrologie

Une première analyse succincte montre qu'au moment de la mission (juin 2001), la thermocline est déjà bien établie et les eaux de surface au large sont déjà chaudes (de l'ordre de 19°C par exemple pour XBT2).
Dans la zone côtière, la couche d'eau superficielle est plus froide : de l'ordre de 15.5°C pour XBT1 près du pertuis d'Antioche ; de l'ordre de 16.4°C près de l'entrée du Bassin d'Arcachon (XBT7). On remarque par comparaison entre XBT1 et XBT7 que le fort coup de vent d'Ouest des 16 et 17 juin n'a pas d'impact sur la structure thermique des eaux superficielles, ceci peut être dû à la brièveté du coup de vent.

Au-delà du talus continental, les eaux sont aussi stratifiées et montrent une thermocline vers 25 m de profondeur. On note aussi des intercalations d'eaux plus chaudes vers 160 et 210 m de profondeur pour XBT5 ; à 250 m, entre 300 et 325 m et à 730 m pour XBT6. Pour XBT5, les valeurs au-dessous de 500 m de profondeur sont aberrantes, ceci est vraisemblablement dû à un disfonctionnement de la sonde sippican.

Les deux profils de salinité de la bathysonde (SBE) et de la XCTD4 montrent que les eaux de surface sont fortement dessalées (33.4  et 34 ). Il ne faut pas s'en étonner au vu de la pluviosité exceptionnelle de la fin 2000 et du début de l'année 2001.