Figure 1 : Navigation du TV Tanzaval. Trait rouge - route du transit Mayotte - Djibouti. Trait rouge gras levé Tanzaval. Traits noirs pointillés : tracé supposé de la partie amont de la vallée de Tanzanie.
La fin de la vallée et la zone de transition chenal - lobe sont apparues dès les premières heures de la mission (Figure 2). Vers 4 500 m de profondeur, la vallée s'aplatit rapidement et disparaît. Les lobes sont alimentés par un réseau divergeant de chenaux distributaires. Ces chenaux sont déconnectés de la vallée principale sur une zone de transition de plus de 50 km de long. Les chenaux distributaires sont formés par des processus d'érosion comme l'attestent des incisions qui peuvent dépasser 50 m de profondeur (Figure 2). La mission Tanzaval nous a permis d'atteindre la partie terminale du système, à plus de 1 200 km de sa source continentale supposée, c'est-à-dire du Delta du fleuve Ruvuma.
Figure 2 : Cartographie de la zone de transition chenal - lobes du système de Tanzanie et profils CHIRP des chenaux distributaires de la partie amont des lobes. Données issues de la mission Tanzaval.
Les lobes se développent entre 4 500 m et 4 900 m de profondeur sur plus de 90 000 km2. Leur architecture est typique de lobes riches en sables. Au débouché des chenaux distributaires, plusieurs unités de lobes sont constituées de nombreuses lentilles transparentes dont l'épaisseur peut dépasser 5 m. Ces lentilles drapantes et localement progradantes (Figure 3) peuvent être continues sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Figure 3 : Carte de réflectivité acoustique SMF et Profils CHIRP montrant la structure superficielle interne des lobes du système turbiditique de Tanzanie. Données issues de la mission Tanzaval.
Figure 4 : Evolution morphologique de la vallée sous-marine de Tanzanie le long de son cours et comparaison avec les avec les systèmes turbiditiques de l'Amazon, du Zaire et le NAMOC.
Lors de première cartographie de la vallée médiane en 2006 nous avions pu publier cette découverte dans la revue Marine Géology (Bourget et al 2008). La cartographie de sa partie distale (mission Tanzaval) a été présentée à la 23ème Réunion des Sciences de la Terre (Zaragosi et al. 2010). Actuellement, nos efforts se portent sur trois parties distinctes du projet :
- Avoir une bonne connaissance de la partie amont du système de Tanzanie et surtout des liens existants entre la position, la structure et les dimensions de ce système sédimentaire géant et les grands systèmes fluviatiles tanzaniens (Fleuves Rufiji et Ruvuma) ainsi que les structures tectoniques régionales (Ride de Davies et grabens des Kérimbas et de Makonde). Une collaboration est menée dans ce sens avec François Leparmentier (Société TOTAL) pour l'étude de profils sismiques situés sur les marges de Tanzanie et du Mozambique ainsi que sur la ride de Davies. Une étudiante de Master 2 (Laurine San Pédro) a effectué un stage de 2 mois en 2013 au sein de la société Total afin d'analyser les profils de sismique pétrolière de la zone.
- Etudier la partie aval du système et plus particulièrement la zone des lobes distaux. Cette partie, part importante du travail doctoral de Léa Fournier, est principalement basée sur les données acoustiques obtenues lors de la mission Tanzaval et de transits valorisés du Beautemps-Beaupré. Un article présentant l'ensemble du système est en cours de rédaction dans le cadre des travaux doctoraux de Léa Fournier. La soumission de ce papier dans la revue Marine Geology est prévu pour septembre 2014.
- Connaitre les relations entre le système de Tanzanie et l'archipel volcanique des Comores. Dans ce cadre nous étudions les dépôts volcanoclastiques prélevés lors de la mission Mozaphare au sein de la carotte MD96-2066 située à 85 km de la vallée principale et de la carotte Mozaphare MD96-2067 située au pied des Comores ainsi que les données acoustiques (profils CHIRP et bathymétrie SMF) obtenues lors de la mission Tanzaval. Ce travail effectué en collaboration avec Luc Beaufort (CEREGE, Aix en Provence) et Patrick Bachelery (Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand) a été soutenu en 2014 par un financement INSU ALEAS. Deux stages de master 2 (Edouard Palis en 2012 et Alexandre Jannic en 2014) ont été effectués sur cette thématique.